Étudiants et Covid : quelles répercussions ?
La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a eu des répercussions sur la santé mentale des Français. Une étude a en outre démontré la fragilité des étudiants dans ce domaine.
En mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) déclare le Covid-19 en situation de pandémie. Les cas de personnes atteintes du virus se multiplient dans le monde et contraignent les gouvernements à prendre des mesures sans précédent : distanciation sociale, respect des gestes barrières, annulation en masse de manifestations sportives et culturelles, confinement, etc. Les établissements scolaires et universitaires ferment également leurs portes, au grand dam du corps enseignant et des étudiants poussés à suivre leurs études en distanciel et à rompre tout contact physique. Une situation inédite et inquiétante qui ne manque pas de générer du stress et de l’anxiété.
Étudiants et Covid, le lourd bilan
Au-delà de la maladie elle-même, dont les effets ont longtemps été imprévisibles, la pandémie de Covid-19 touche également la santé mentale des étudiants, de leurs enseignants et du personnel des établissements universitaires.
D’une manière générale, les épidémies et pandémies figurent en bonne place parmi les plus grandes craintes de l’humanité. Cette crainte touche inévitablement le mental des populations et provoque anxiété et dépressions. Certaines études d’avant-Covid ont démontré déjà que l’épidémie de SRAS (2002-2004) a eu des impacts psychologiques pendant plusieurs années après la fin de l’épidémie. Avec la pandémie du Covid-19, le problème a été exacerbé par les confinements qui ont contraint les personnes à l’isolement et la distanciation.
La population étudiante se révèle en outre une population exposée aux problèmes de santé mentale. En dehors même des situations de crises de grande ampleur, les étudiants connaissent des motifs d’anxiété très vifs et des cas de dépression, de par leur vie d’étudiant jalonnée d’examens et de remises en cause. En France, le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-25 ans.
A ce titre, des études ont été menées durant la pandémie de Covid-19 et les mesures de confinement adoptées sur tout le pays, pour tenter de déterminer si les étudiants étaient plus exposés à la détérioration de leur santé mentale que le reste de la population.
Les scientifiques de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et les chercheurs de l’Université de Bordeaux ont recueilli durant la pandémie les témoignages de plus de 3500 personnes. Celles-ci, recrutées à travers les réseaux sociaux, ont été divisées en deux groupes : les étudiants et les autres. Les deux groupes étaient équivalents en termes de pourcentage hommes/femmes et en proportion de personnes ayant des antécédents de problèmes psychologiques. L’étude a été réalisée entre mars 2020 et janvier 2021, une période qui couvre le premier et le deuxième confinement, avec dans l’intervalle le déconfinement mesuré de l’été 2020.
Les résultats de cette étude indiquent clairement que les étudiants ont été les plus touchés sur le plan mental :
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Symptômes dépressifs : 36,6 % des étudiants, 20,1 % des non-étudiants
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Symptômes d’anxiété : 27,5 % des étudiants, 16,9 % des non-étudiants
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Pensées suicidaires : 12,7 % des étudiants, 7,9 % des non-étudiants
Des analyses plus poussées ont été faites sur la durée. Si les pourcentages restent stables chez les non-étudiants quelle que soit la période (premier confinement, déconfinement, deuxième confinement), on observe de plus grandes variations dans le groupe des étudiants. Les troubles psychologiques sont beaucoup plus élevés en période de confinement et notamment lors du deuxième (du 30 octobre au 15 décembre 2020). Si 36% des étudiants ont révélé des symptômes dépressifs durant le premier confinement, le pourcentage a bondi au-delà de 50% lors du deuxième confinement (alors qu’il n’a pas dépassé, dans les deux cas, les 25% chez les non-étudiants).
L’étude démontre ainsi d’importantes inégalités en période de pandémie, lesquelles de surcroît ont tendance à se creuser au fil du temps. La vulnérabilité des étudiants est donc avérée. En plus du stress habituel généré par la difficulté de suivre les études (et les difficultés matérielles y attenant), la pandémie et les confinements ont exacerbé l’anxiété et les états dépressifs.
Étudiants et covid : le gouvernement apporte son soutien contre les précarités
A la lumière de ces études, des mesures de prévention spécifiques doivent donc être prises envers les étudiants. Il faut notamment garder à l’esprit que le problème reste d’actualité même si les mesures de confinement n’ont plus cours. Les problèmes de santé mentale ont un impact sur la durée. Chez les étudiants, la détresse est toujours présente et reste plus élevée qu’avant le début de l’épidémie. Les risques de décrochage scolaire restent d’actualité, tout comme les symptômes de dépression et les pensées suicidaires.
Des aides pour soutenir les étudiants en période de Covid
Le gouvernement français n’est pas resté inactif vis-à-vis de la détresse observée chez les étudiants. Il a mis en place différentes aides, notamment sur le plan matériel à destination des étudiants qui ont perdu leur job étudiant à cause des mesures sanitaires :
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Deux repas par jour à 1 € dans les restaurants universitaires (ventes à emporter),
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L’aide d’urgence du CROUS en cas de graves difficultés financières,
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Le chèque Psy, un soutien psychologique sans avance de frais pour les étudiants qui souhaitent consulter un psychologue ou un psychiatre,
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Une demande de révision des droits en bourse étudiante, en raisons de baisse de revenus familiaux consécutifs à la crise sanitaire,
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Recrutement de quatre-vingt psychologues dans les services de santé universitaires
En mars 2021 a été lancée une plateforme nationale d'accompagnement psychologique des étudiants. Le site Santé psy étudiant invite les étudiants qui le désirent à bénéficier gratuitement d’un soutien psychologique auprès d’un professionnel. Après une consultation effectuée auprès des services de santé de l’université (ou un médecin traitant), les étudiants sont orientés vers un psychologue. Celui-ci accueille l’étudiant dans une série de trois consultations ou plus. Ces consultations sont déclarées sur la plateforme, ce qui permet de régler le professionnel par l’établissement avec lequel il a établi une convention. L’Etat se charge ensuite de rembourser les établissements.
Il n’en reste pas moins qu’une génération d’étudiants a été durement touchée par la crise sanitaire et la pandémie de Covid-19. L’impact devra être mesuré dans les années à venir, et des mesures prises en conséquence.