Paces : du changement également
Qu’est-ce que la Paces?
Terme très obscur pour de nombreuses personnes, la Paces est le résultat d’une réforme intervenue en 2010. Elle a consisté en la création en première année de médecine d’un tronc commun pour les différentes études du secteur de la santé: odontologie, sage-femme, kinésithérapeute (dans certaines universités), médecine générale et pharmacie. A la fin de cette année scolaire, les étudiants peuvent passer quatre examens différents avec des classements propres à chaque spécialité. De son nom complet “Première Année Commune des Etudes de Santé”, la PACES est un examen d’orientation et de prédisposition aux métiers de la santé, qui consiste en de nombreuses questions à choix multiples (QCM). Comme les concours précédents en médecine, il demande de mobiliser une grande quantité de savoirs, fruit d’un long travail personnel. Dès le debut du second semestre, l’étudiant peut choisir l’examen qu’il souhaite passer : dentaire, médecine, maïeutique ou pharmacie. Il peut orienter son choix grâce aux résultats obtenus au premier semestre. Le classement final à la fin de la première année leur permet de savoir s’ils peuvent continuer dans la voie qu’ils ont choisie.
Devant la difficulté des études de médecine et le numerus clausus (nombre limité de places pour le passage en deuxième année), de nombreux étudiants essayent de prendre le moins de risques possibles en passant plusieurs concours. Pour ne pas faire partie des 80% des étudiants qui ne réussissent pas à passer la première année, les étudiants décident souvent de passer médecine et odontologie. Cependant, il est souvent nécessaire de multiplier les unités d’enseignement. Quand les spécialités sont relativement proches telles que la médecine et l’odontologie, l’augmentation du nombre d’heures de cours n’est pas très importante. Ceci contrairement à une personne qui souhaiterait passer les concours de pharmacie et de médecine, car cela constituerait une grande charge de travail supplémentaire. Assez récemment, des volontés de réforme de la Paces ont été clairement affichées par le gouvernement. Des voix y sont opposées mais tout indique que cette réforme sera prochainement mis en vigueur.
Quels changements?
Le principal thème de ces changements serait la fin du redoublement en première année. Un grand bouleversement pour l’ensemble des universités de médecine habituées à cette sélection en première année. Jusqu’à présent, un étudiant classé à moins de 2,5 fois le numerus clausus en vigueur pouvait retenter sa chance l’année suivante. Des oraux pourraient être organisés pour remplacer le redoublement après les résultats du concours en mai. 80% des places disponibles selon le numerus clausus seraient attribuées directement lors du concours. Les 20% restantes seraient réparties lors de l’oral avec trois fois plus de candidats que d’admis. Les étudiants échouant à l’oral pourraient continuer leurs études en deuxième année universitaire.
Une dernière chance pourrait être accordée avec l”alter-Paces”, une passerelle permettant à des étudiants de rejoindre des études de médecine après deux ou trois années d’études supérieures. Cette réforme ne serait pas obligatoire pour l’ensemble des universités de médecine. Elles pourraient choisir d’appliquer ou non ces changements. La réforme de la Paces n’étant pas la priorité du gouvernement, elle devrait entrer en vigueur au plus tôt à la rentrée 2019. Cependant, certaines universités souhaiteraient la mettre en pratique dès la rentrée 2018. Parmi elles, on trouve quatre universités d’Ile de France : Paris-Descartes, Paris-Diderot, Pierre-et-Marie-Curie et Paris-Est-Créteil, qui désireraient mettre en pratique les bénéfices de cette réforme.
Pour quels bénéfices?
Comme précédemment abordé, les études en médecine ont un taux d’échec très important. Seuls 20% des étudiants peuvent passer en deuxième année à la fin de la première année. La probabilité monte à 40% si l’étudiant dispose de deux années pour tenter sa chance. Le principal bénéfice de cette réforme serait d’éviter aux étudiants qui ne réussiraient pas au bout de deux années de les avoir perdues. De nombreux syndicats d’étudiants ainsi que de présidents d’université abondent dans ce sens, soulignant la fin de ce “gâchis” de perte d’années pour les étudiants inscrits en médecine.
Quels inconvénients?
Cependant, quelques voix se font entendre pour montrer les inconvénients de cette future réforme. Par exemple, à l’université Paris XIII, où l’opinion générale est de souligner les bienfaits du concours avec deux chances. Ils mettent en avant le fait que de nombreux étudiants ayant des difficultés à entrer dans le “rythme” du concours, possédent une deuxième chance l’année suivante. L’UNEF, l’un des syndicats étudiants les plus importants de France, demande le maintien de cette seconde chance ainsi que de manière plus large, l’augmentation du numerus clausus et à termes sa disparition. Un autre problème serait la mise en concurrence d’étudiants redoublants et connaissant le concours face à des premières années inexpérimentées n’ayant qu’une seule chance pour réussir le concours. Pour résoudre ce problème, le ministère a déjà annoncé des mesures de transition dont la possibilité d’augmenter le numerus clausus de certaines universités.
La réforme de la Paces est par conséquent en marche, sans pour autant faire l’unanimité dans le monde universitaire de la médecine.